Extrait de Sous le jonc

De BiblioCuriosa

Extrait de / Excerpt from : Sous le jonc.


Il regardait la femme inclinée qui attendait les coups en frissonnant. Les cuisses rondes émergeaient du bas de soie noire. Le pan arrière de la chemise-culotte pendait tristement comme s'il eût eu hâte d'être relevé.

Georges s'avança et d'un mouvement rapide remonta la chemise jusque sur les omoplates. La croupe parut plus ample encore, soutenant les hanches larges, les reins charnus.

Adeline gémit tout bas et cacha honteusement son visage dans ses bras. Un sentiment trouble la bouleversait, elle perdait la notion du bien et du mal.

Georges leva son stick et frappa, violemment, furieux de l'anxiété nouvelle que cette femme mettait en son être.

A cette première cinglade, la victime tressaillit, ses genoux fléchirent, mais elle ne cria point, surmontant la douleur. Ce stoïcisme accrut la colère de l'homme ; il brandit le jonc et un instant tapa avec frénésie.

L'effet de surprise, empêcha Adeline de percevoir immédiatement la souffrance. Mais bientôt la brûlure devint atroce, elle se tordit, râla et croula sur les genoux en implorant :

— Plus ! Plus !... je... serai... obéis...

Elle n'acheva pas, les cinglades recommencèrent à pleuvoir dru, la croupe et les cuisses se violaçaient, la chair se boursouflait.

Tout sentiment de pudeur abandonnait la malheureuse. Afin d'échapper à l'horrible supplice, elle se laissa glisser sur le flanc en implorant.

Il n'écoutait pas et continuait à frapper avec une fureur aveugle. Il se persuadait que la jeune femme agissait ainsi pour l'émouvoir et cette supposition mettait le comble à sa colère.

A bout de forces, elle tomba en arrière et ne bougea plus.

Il fustigea encore, au hasard, atteignant les jambes et la hanche.

Les yeux exorbités, Adeline le regardait, mais ne tentait plus rien pour fuir, parce que ses poignets ligotés l'empêchaient de se mouvoir.

Cependant, elle trouvait sa vengeance dans le supplice même en constatant la surexcitation folle de l'homme qui ne cherchait point à s'en cacher. Il en éprouva même une sorte de vanité farouche et la nargua.

Au vingt-cinquième coup exactement, il s'arrêta et les deux acteurs de ce drame restèrent une minute face à face.

La victime étendue sur le dos, anéantie, tout le corps meurtri, considérait encore son bourreau avec, dans les yeux, une lueur de désir forcené. Lui, la contemplait, se demandant s'il profiterait de sa victoire.



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