Extrait de Flora en pension

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Extrait de / Excerpt from : Flora en pension.


Alors Maud se mit sur son séant, puis elle se retourna, se mit à genoux.

— Votre figure dans l'oreiller ! Faut-il qu'on vous dise tout ce que vous avez à faire ? N'y mettez pas de mauvaise volonté, sinon il va vous en cuire !...

La jeune fille obéit. Sur ses bras repliés elle appuya son front, cachant sa face dans l'oreiller de sorte que la partie menacée par le fouet était très élevée et dans une position fort propre à être bien fouettée.

Cela fut mieux encore lorsque miss Clench, avec des gestes précieux qui eussent peut-être été fort risibles en toute autre circonstance, eut retroussé la chemise de nuit et l'eut rejetée sur la nuque de la patiente.

Elle découvrit ainsi un dos souple et cambré point maigre ainsi qu'on l'eût pu croire d'après la silhouette de Maud Willis, et un séant fort rebondi.

Cette position ridicule et profondément humiliante pour l'intéressée, me rappelait un sujet de gravure ancienne que j'avais vue je ne sais plus où et qui portait comme titre : « Le clystère ».

— Vous avez ce qu'il faut, miss Davies ? demanda Rachel.

— Voici, répondit la surveillante en présentant une sorte de large palette de bois, garnie d'un manche court, quelque chose comme le battoir des lavandières.

Miss Rachel s'en empara et posa la main gauche sur les reins nus de Maud.

— Miss Clench, dit-elle encore, vous devriez bien lui appuyer sur la tête pour l'empêcher de la relever, car elle ne manquera pas de le faire tout à l'heure. Mais essayez un peu de vous affaler, Maud, et vous allez savoir ce que cela vous en coûte !...

Elle parlait à voix presque basse. Dans le dortoir tout se taisait, on eût dit que toutes les élèves étaient endormies. Cependant, en regardant vers Annie Morton, je vis que cette dernière soulevait légèrement sa tête pour apercevoir le lit de Maud et ce qui s'y passait. Au delà de son lit, dans l'ombre, je vis également d'autres têtes et d'autres bustes se soulever, mais mon attention fut brusquement attirée par un claquement sec suivi d'un cri assourdi. Miss Rachel venait d'appliquer le premier coup de la correction en plein sur les rotondités charnues de Maud et la malheureuse exprimait déjà sa douleur. Alors je ne vis plus qu'elle. Il me semblait que chaque coup se répercutait sur ma propre chair et une chaleur intense imprégnait peu à peu toutes les fibres de mon corps.

Je ne pouvais détacher mes yeux de cette scène extraordinaire. Maud, la tête basse, les épaules effacées, criait, hurlait. Mais ses cris et ses hurlements étaient étouffés par l'oreiller où elle enfonçait sa face. De temps à autre la douleur cuisante la soulevait. Elle essayait de redresser sa tête, mais miss Clench lui appuyait rudement sur la nuque. Parfois aussi elle tentait d'allonger ses jambes, d'effacer en s'aplatissant ses reins surélevés, mais miss Machel fouettait plus violemment et grondait :

— Voulez-vous bien ne pas bouger ! Voulez-vous rester en place ! Osez un peu vous allonger ! Dites ? Dites ? Dites ? Dites ?

Et Maud se recroquevillait rapidement présentant de nouveau, plus haut, mieux exposé pour ainsi dire, l'endroit sur lequel la fouetteuse s'escrimait.

Cette large palette de bois, ce battoir, causait en frappant la chair un bruit semblable à celui qu'eut fait la main nue, mais plus clair, plus sonore encore. Inutile de dire que, malgré la diminution de lumière, je pouvais constater la coloration de plus en plus forte de la chair fouettée. J'en voyais aussi les moindres soubresauts comme les bonds terribles et malgré moi je suis toute honteuse de le confesser ici, je ressentais un trouble étrange à la vue de cette chair claquée, à l'audition de ce bruit caractéristique, à la pensée de l'humiliation et de la souffrance que ressentait ma voisine.



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