Extrait des Contes du Fouet

De BiblioCuriosa

Extrait de / Excerpt from : Les Contes du Fouet.


« Quel mauvais quart d'heure ! Nous pouvons facilement nous l'imaginer, témoins que nous sommes de cette scène de cruelle angoisse ! Brandissant les verges, une furie paraît ; des cris qui n'ont rien d'humain frappent nos oreilles ; le but visé nous est dérobé par celles qui se tiennent là, sur le devant de la scène, tremblantes en leurs vêtements. Quelques-unes retiennent leur jupon d'une main nerveuse, et plus près encore le serrent autour du pantalon menacé, tandis que d'autres, sachant bien toute résistance vaine, se préparent lentement à affronter la douleur qui s'approche. Les baguettes volent rapides, et, bien qu'elle ne parvienne pas jusqu'à nous, la phrase terrifiante est prononcée :

« Amenez la suivante. »

« Une forte adjointe, insensible à ses cris, se précipite subitement sur la jolie jupe rose qui nous tourne le dos ; mais, avant que la fouetteuse ait pu se mettre à l'œuvre, une paire de bras empourprés l'enserrent : un combat s'ensuit. Les adversaires se pressent tour à tour ; des doigts experts se glissent sous la robe, et, par anticipation, les assistants croient sentir les coups.

« Rapides comme l'éclair, tombent linges et vêtements de dessous, et invitant le fouet, le palimpseste moelleux apparaît. Elle sait, pour en avoir déjà ressenti les effets, combien est terrible la baguette de bouleau.

« La chemise a glissé : la chair grasse apparaît à son tour, les bras serrés et les derniers retranchements sont enfin tombés.

« En vain, à moitié étouffée, la pauvrette demande grâce et essaye de frapper du pied la tourmenteuse ; en vain ses épaules font effort pour se dégager de cette étreinte ; en vain de sa bavette elle se voile la face : son corps, couvert de fossettes, agité d'un mouvement fébrile, plus éloquemment que l'œil encore, nous dit la frayeur qui l'anime. Nous nous sentons remplis de compassion pour ce dos nu, et, certes, nous ne voudrions pas, contre le sien, changer notre sort.

« Que le peintre s'arrête ici ! l'œil du spectateur, stimulé par son art, peut épier l'invisible.

« ATTENTION ! »

« Pressé par des lutins, du démon dévoués serviteurs, la voilà bientôt réduite à l'impuissance, et la partie la plus charnue de sa personne est enfin maintenue dans une immobilité complète.

« La pauvre jupe rose ! Il va donc falloir qu'elle avale tous les coups ! ! ! »



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