Extrait de Leurs pantalons

De BiblioCuriosa

Extrait de / Excerpt from : Leurs pantalons.


Question : Portent-elles des pantalons ouverts ou fermés?

« Je les ai toujours portés ouverts, même enfant. Ainsi, je me souviens combien de fois m'est-il arrivé, quand je jouais à faire des pâtés dans la sable, d’entendre une de mes petites camarades me dire :

« — Emma, fais donc attention, on voit ton derrière. « Et moi de répondre, indignée, mais sans rabaisser mes jupes courtes : « — Sales dégoûtantes ! c’est à vous de ne pas le regarder ! »

C’est précisément pour éviter cet inconvénient qu’on les leur fait souvent porter fermés, à ces enfants :

« S’il s’agit des enfants, je trouve que le pantalon est tout à fait indispensable — et fermé surtout. Il faut qu’une fillette puisse courir, sauter, tomber, se pencher en avant, devant n’importe qui, même ses petits frères, sans inconvénient. »

Mais, à mesure que les jupes s’allongent, l'utilité de sa claustration diminuant de plus en plus, le pantalon ne tardait pas à s’ouvrir, et c’était fini, pour la plupart, de la gêne du pantalon fermé :

« Le pantalon fermé, c’est bon pour les gamines, tant qu’elles lèvent les jambes en l’air. Mais à partir de quatorze ou quinze ans, tout le monde les porte ouverts. »

Une grande fillette mise en pension à cet âge dut même faire recoudre les siens pour satisfaire à la règle du couvent. Elle ne se contentait pas d’être austère, elle était sans pitié :

« Enfant, maman me les faisait porter fermés, mais pour me les ouvrir vers douze ou treize ans. Ainsi quand je suis entrée au couvent, j’étais déjà jeune fille et on l’a prévenue qu’il fallait fermer mes pantalons. »

D’autres les ont également portés ouverts dès leur plus jeune âge :

« Même enfants, ma sœur et moi, nous les avons toujours portés ouverts. D’ailleurs, c’est bien simple, à Toulouse, dans le magasin où notre mère achetait notre lingerie, il n’en existait pas de fermés. »

Le premier pantalon ouvert, pour beaucoup, ce dut être, comme la première robe de bal ou le premier adultère, un des grands jours de leur vie. Cependant, cette commodité qui les sacrait presque femmes ne fut pas sans gêner quelques-unes d’entre elles.

Un de ces mille riens charmants qui abondent dans la mémoire de nos camarades de l’autre sexe et qu’il est bon de noter sur le grand livre des féminités :

« Ouverts,... je porte des pantalons ouverts, c’est plus commode pour les petits besoins, alors que je les porterais volontiers fermés, s’il ne s’agissait que de me garantir du froid, mais, c’est tellement incommode quand on veut faire pipi ! Ainsi, je me souviens quand j’étais petite fille, jusqu’à quatorze ans, quand je suis sortie de pension, je les ai portés fermés. Les premiers temps — j’avais encore des jupes courtes — ça me faisait un drôle d’effet d’avoir un pantalon ouvert. J’appuyais avec mes mains sur mes jupes quand je descendais un escalier, pour qu’on ne puisse pas voir dessous et je ne pouvais plus jouer comme un garçon. »

C’est, en effet, l'âge où la plupart des fillettes voyaient s’ouvrir les leurs :

« Fermés jusqu'à quatorze ans, ouverts depuis, — fermés, tant que j’ai eu des robes courtes, ouverts quand elles se sont allongées, vers quatorze ans ou quinze ans. »

D’autres avaient attendu pourtant plus longtemps pour se décider à en faire sauter la couture. Mais elles s’en trouvèrent bien :

« Jeune fille, je les ai longtemps portés fermés et ce n’est que lorsque j’ai commencé à voyager assez fréquemment que je me suis décidée à les porter ouverts — je m’y suis vite habituée, d’ailleurs. C’est tellement incommode en chemin de fer, quand on a à peine le temps de se précipiter pour aller où l’on a besoin, — le wagon-couloir ne fleurit pas partout — d’avoir un pantalon fermé ! Le temps de le baisser et de le remonter, ça demande le double de temps, et, dame, le chemin de fer n’attend pas ! »

D’une jeune fille également :

« Jusqu’à seize ans fermés, pour ne pas effaroucher la pudeur de mon professeur de gymnastique. Mais, depuis que j’ai compris ce qu’était la vie, je les porte ouverts. L’avantage du pantalon ouvert, est si l’on se promène à la campagne, de pouvoir aller, quand on a à s’écarter, plus commodément cueillir une rose, comme disent les Anglaises... De plus, par une belle journée de printemps, il est beaucoup plus commode, avec un pantalon ouvert, de remettre ses habits en ordre, si le garde champêtre s’amène à la lisière du bois... Bref, le pantalon ouvert ne présente, à mon avis, aucun inconvénient, même si l’aventure vous arrive de vous laisser choir ; si ce n’est de laisser voir cet horrible pan de chemise qui désharmonise un ensemble charmant. »

Ah ! les demi-vierges, la sainte mousseline !

« Avant de porter des combinaisons, je les ai longtemps portés fermés et n’en ai eu d’ouverts qu’à dix-sept ans. »

La plupart n’avaient pas eu aussi longtemps à attendre et il ne fallait point s’étonner d’entendre des jeunes filles répondre les porter :

« Très largement ouverts et très courts. — Ouverts à volonté : il n’y a point d’inconvénient dans ce cas. — Ouverts... toujours : ils ont l’avantage de faire perdre moins de temps. — Ouverts, tout ce qu’il y a de plus ouverts ! Cinq centimètres de couture par devant... Un point, c’est tout. — Ouverts à tous les vents... jusqu’en haut. Ils sont presque séparés. Les deux jambes sont indépendantes l’une de l’autre... C’est bien plus hygiénique... au point de vue de la respiration cutanée... »

La respiration cutanée, une trouvaille !