Extrait de La Maison des supplices

De BiblioCuriosa

Extrait de / Excerpt from : La Maison des supplices.


Lorsque tout cela fut installé, la marquise fit un signe, et les deux vigoureuses surveillantes soulevèrent Luisa dans leurs bras et la hissèrent à genoux sur le socle. Tout de suite elle cria : les graviers lui entraient dans les genoux parce qu’il étaient assez gros, peu nombreux, et que dessous il y avait la surface de bois dur. La jeune fille voulut se laisser glisser, elle n’en eut pas le temps. Carmen avait saisi les deux ficelles qui pendaient aux anneaux postérieurs et les avait nouées étroitement sur les jarrets de l’agenouillée qui, ainsi, se trouva retenue. Immédiatement Carmen, d’un côté, Concha de l’autre, lui saisirent la main qu’elles attachèrent solidement aux anneaux antérieurs. De la sorte Luisa avait l’aspect, sur ce piédestal élevé, d’une statue agenouillée s’appuyant au sol sur la paume des mains. On voit d’ici la position : le dos, les mollets et la plante des pieds de la pauvrette se trouvaient exposés sans défense possible, à toutes les entreprises de ses tourmenteuses. De plus, sa position même, constituait un douloureux supplice de par les cailloux anguleux qui lui entraient dans les genoux.

— Maintenant que tu es un peu reposée, dit la marquise, je vais te fouetter des pieds à la tête, au martinet d’abord, puis ensuite, sur le derrière, jusqu’au sang, avec une verge de fer!... Ton gros derrière libidineux a besoin d’un traitement spécial. Je me souviens d’un passage du rapport de ta Bonne Mère où il est dit qu’on t’a vue sur les genoux de Paquita, ta complice, en train de te faire fouetter par elle!... Tu aimes donc le fouet?...

Luisa pleurait à chaudes larmes et son beau visage, fatigué par les larmes et la souffrance, portait l’expression d’un effroi sans nom. Elle ne répondit qu’en sanglotant plus fort.

— Veux-tu me répondre, encore une fois? insista la marquise en lui pinçant sévèrement le lobe des oreilles.

— Pa... ar... don !...

— Veux-tu me répondre? Tu aimes le fouet?

— Non... Vo... tre,.. Grâce!...

— Pourquoi donc, alors, te faisais-tu fesser ainsi par Paquita?...

— Vo... tre... Gr... âce, c’était Paquita...

— Naturellement!... Tu voudrais me faire entendre que Paquita te donnait sur les fesses malgré toi?... Tu n’en seras corrigée que plus fort, ma fille!... Concha et Carmen, prenez une plume de paon et chatouillez-lui la plante des pieds!...

Les deux surveillantes obéirent. Carmen passait doucement l’irritante caresse de la plume sur les globes charnus, et Concha s’appliquait à faire frétiller les pieds et se crisper les mignons orteils, tandis que la marquise, à tour de bras, fustigeait les omoplates, le dos et les reins de la malheureuse, à furieux coups de martinet...

Plus peut-être que la morsure des lanières le chatouillement des pieds était épouvantable.



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