Extrait de La Folie de la Chair

De BiblioCuriosa

Extrait de / Excerpt from : La Folie de la Chair.


Et Lauris étreignait à présent la jeune femme ; ses lèvres s’égaraient sur le visage, dans le cou, sur les frisons de Mme Descharmes qui, haletante, suffoquait.

— Je t'aime, je t'aime ! répétait-il dans une sorte de rage passionnée. Je t’aime, ma chère aimée !...

Sa bouche chercha la bouche de Fernande et s’y posa longuement.

La jeune femme, sous ce baiser qui semblait aspirer tout son être, qui semblait la boire tout entière, se renversa légèrement en arrière. De sa poitrine s’exhala un soupir, angoissé comme une plainte étouffée. Puis, comme Lauris, profitant de cette minute de défaillance qui la rendait molle, presque inerte dans l'agitation de ses sens mis en émoi, devenait audacieux et osait risquer une caresse plus intime, elle se dressa, brusquement, d’un mouvement décidé et nerveux et se jeta, frémissante, dans les bras du jeune homme qui, lui aussi, venait de se lever.

— Eh bien oui, oui, prends-moi ! cria-t-elle en se serrant sur sa poitrine. Prends-moi !... Je t’aime moi aussi !... Et je veux être à toi !... Soyons heureux ensemble ; aimons-nous !... Qu'importe le reste, qu’importe tout ce qui n’est pas nous, notre bonheur, notre amour !...

Lauris eut un cri de triomphe, puis il enleva la jeune femme dans ses bras. Comme elle lui semblait légère tandis qu’il traversait le salon pour se rendre dans la chambre à coucher voisine de cette pièce ! Ainsi qu’un enfant las, Fernande avait posé sa tête sur l’épaule de Lauris. Ses paupières abaissées laissaient couler, à travers les longs cils qui projetaient leur ombre sur le fin visage, un regard humide, comme noyé, voilé de langueur. Un léger sourire se dessinait aux coins des lèvres empourprées cependant que les ailes du nez frissonnaient, palpitaient, et que tous les traits délicats du visage se tendaient, frémissants, dans l’attente anxieuse du bonheur prochain. Ses deux bras s'étaient noués au cou de Lauris qui sentait, contre lui, tout l’émoi du corps souple et tiède qu’il serrait. Et le parfum capiteux, irritant, — parfum mystérieux de la chair — qui montait de la femme désirée, abandonnée dans ses bras, aiguisait encore ses sens, énervait ses désirs.

Dans la chambre, et comme Fernande, alanguie les yeux remplis de flamme, la bouche tordue de volupté, les lèvres humides, restait inerte, les mains crispées aux bras de Lauris, celui-ci, avec une tendresse tendre et câline, déshabilla la jeune femme. Le corsage enlevé, les épaules surgirent de la mousse des dentelles de la fine chemise. Les lèvres du jeune homme se posèrent sur ces épaules délicatement épanouies, si vivantes dans leur chaude teinte d’ambre clair et qui tressaillirent, agitées d’un long frisson au contact du baiser passionné qui caressait la chair ardente. La bouche, gourmande, chercha les seins, les effleura, légère, puis s’attarda un moment, la rose de leurs pointes dressées orgueilleusement. Elle les abandonna pour se perdre, une minute, dans le nid douillet formé par la mousse d’or des aisselles ; nid parfumé, à l’arôme capiteux et grisant.

Puis les mains, empressées, un peu tremblantes pourtant, détachèrent la jupe, qui, dans un bruissement de soie, s’affaissa aux pieds de Mme Descharmes.

Le jupon clair, le pantalon, s'abattirent aussi formant, sur la jupe une tache blanche. Et du corset mignon, délacé, enlevé, toutes les formes se révélèrent dans leur impeccable beauté. La chair, à travers la chemise ajourée, transparaissait, très rose. La taille s’accusait ronde et mince et les hanches tendaient l’étoffe, montraient leur épanouissement glorieux. Les cuisses se dessinaient, superbes et grasses, supportées par les jambes minces aux chevilles, renflées aux mollets. Le pied, que venait de déchausser Lauris, et qu’il tenait dans sa main, blotti comme un oiseau, en le couvrant de baisers, était petit, très mince et très cambré pourtant.

Maintenant, étendue sur le sopha, si blanche qu’on l’eût cru morte sans le halètement un peu rauque et pressé de son souffle, Fernande Descharmes, les yeux clos, les lèvres crispées dans l’attente de l’étreinte suprême, s’abandonnait aux caresses de Lauris. Elle se tordait sous les baisers lents et savants que le jeune homme semait sur son corps. Des frissons de volupté couraient sur sa chair ardente et avide de plaisir. Tout son être se tendait, se soulevait, dans l’agitation de ses sens en feu et, brusquement, ses lèvres s’ouvrirent dans un cri impérieux, affolé et suppliant, cependant que ses bras se tendaient vers Lauris, l’attiraient, d’un mouvement violemment passionné.

— Ah ! viens, viens ! fit-elle. Viens !... Je t’aime !...

Elle parla encore, mais ses paroles, écrasées sous la bouche du jeune homme, expirèrent dans un râle d’amour qui monta, triomphant, dans la chambre.




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