Extrait de L'Académie du fouet

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Extrait de / Excerpt from : L'Académie du fouet.


A présent, elle était nue, l’adorable jouvencelle. Elle était nue, ayant gardé ses bas et ses souliers. Un petit pied frétillant et spirituel, mais qui, pour l’instant, ne frétillait pas du tout, sans doute inquiet sur la tournure que les événements allaient prendre. Une jambe harmonieuse et fine, joliment allongée et galbée, une jambe de Diane chasseresse, vigoureuse et musclée dans son élégance, mais avec quelque chose en plus, une admirable lascivité de contours. Quant à sa gorge, ses petits seins arrondis comme au tour, je n’en parlerai plus. Aussi bien, les mots peuvent-ils rendre la joliesse du corps de la femme, peuvent-ils faire image des impressions que la vue de ces charmes cause sur un homme vigoureux, en état de combattre ?

Elle se tenait maintenant dans une pose des plus séduisantes, une attitude de modestie attirante et perfide. Car, elle avait croisé ses mains sur son ventre et elle baissait les yeux, les joues couvertes d’une ardente rougeur qui, je le pense, provenait plutôt du désir que ma férocité avait fait naître en elle et non pas de la honte. Parfois un sanglot bref soulevait son sein. Pourtant la badine ne devait pas l’avoir trop endolorie. Et je me promis qu’elle pleurerait et sangloterait bientôt à bon escient.

— Je vous ai ordonné de vous mettre là.

J’indiquais du doigt tendu la plaque tournante. Elle y allait avec docilité. Ai-je dit que sa marche était rythmée, pleine de séduction ? Quand elle se trouva au centre de la plaque et qu’elle me regarda de ses grands yeux pensifs et doux, où l’angoisse et le désir mettaient un égarement, j’appuyai sur un bouton du clavier magique. Aussitôt des anneaux vinrent emprisonner les fines chevilles.

J’avais pris les verges et je commandais :

— Baissez-vous en avant ! Inclinez-vous !

Elle obéissait. Deuxième déclic et d’autres anneaux entourèrent ses poignets. Sa croupe charmante, ni trop, ni trop peu abondante, exactement ce qu’il fallait pour emplir les deux mains d’un honnête homme, se présentait en saillie et la ligne fuyante des hanches accrochait la lumière. J’avais l’esprit magnifié par la vue de tant de charmes ; je ne sais quelle décision farouche dans mon cœur en bannissant toute pitié, et me souvenant de l’impatience témoignée par la servante qui venait d’être fouettée, je me résolus à éveiller dans l’esprit de cette adorable jeune fille, la même angoisse, qu’elle aussi, énervée par l’attente du supplice, souhaitait que je commence. Je voulus donc, également, m’essayer dans le talent oratoire, prémisse obligatoire de toute flagellation bien ordonnée.

— Vous voici dans l’état où je souhaitais de vous voir. Sachez que cette honorable assemblée attend de moi des merveilles. Je ne démentirai pas la flatteuse opinion qu'elle a pu se former de mon talent. J’ai un bras solide et votre derrière me paraît tendre. Mais pourquoi aussi affecte-t-il tant d’insolence ? Il semble bien présomptueux pour un derrière que guettent les verges. Patience ! Nous verrons bien, dans un moment, s’il persistera dans son orgueil. Vous aurez aussi à payer les frais de votre indocilité. Que me parliez-vous de conventions ?

Je voyais clairement que j’arrivais à mon but qui était de faire naître l’impatience et l’angoisse dans le cœur de cette jolie fille. En effet, elle se tortillait, se démenait, autant que les liens qui l’attachaient au parquet pouvaient le lui permettre et un souffle court, une manière de grognement flûté, disait encore son agitation. Je repris :

— Sachez que je ferai de vous ce qui me plaira. J’agirai à ma guise. Je suis seul juge de la façon dont il convient de vous traiter et ce que vous avez stipulé avec d’autres m’importe peu. Je raclerai à coups de cravache toute la peau de votre corps, oui, je vous écorcherai, si tel est mon plaisir. Qu’avez-vous à redire à cela ? Vous vous taisez ! Comme vous faites bien ! Ce ne sont pas des paroles que je vous demande, mais des sanglots et des cris en réponse aux coups dont je vais vous accabler. Je veux que le souvenir de cette journée subsiste dans votre mémoire, dussiez-vous vivre jusqu’à cent ans.

La jeune fille, épuisée de fatigue par le maintien courbé, pliait sur ses jarrets, et par la crainte, elle se redressait brusquement. On lisait clairement sur sa figure, dans le bouleversement de ses traits, le progrès de l’angoisse sans cesse grandissante, que mes menaces avaient éveillée et qu’elles entretenaient pour l’amener peu à peu au paroxysme. La jeune fille tortillait du derrière comme pour aller à la rencontre des coups.



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