Extrait de Les Asservies

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Extrait de / Excerpt from : Les Asservies.


Alors, tendant sa volonté dominatrice, Mme Vauglois prononça :

— Nous n’avons plus rien à nous dire ; il n’y a place pour nul malentendu, nulle surprise, tout a été réglé entre nous. Je suis la maîtresse ; toi, Léa, tu m’appartiens, tu n’as plus ni volonté, ni personnalité ; tu n’es plus libre de tes actes, tu me dois une obéissance absolue ; tu n’as que des devoirs, j’ai tous les droits. Léa, tu es une chose à moi, mue par mes ordres. Léa, tu es mon esclave !

Etre soudain tutoyée, entendre cette étrangère l’appeler par son petit nom, tout cela secoua rudement l’orgueilleuse Mme Salabert, tandis que ces paroles qui sonnaient le glas de sa liberté, martelaient son cerveau et s’y enfonçaient de force. Elle eut l’intuition qu’elle allait, en effet, n’être plus qu’une esclave, que dans un instant ce serait chose faite, irrémédiablement faite, car déjà elle se sentait étrangement dominée par sa rivale.

— Fais ta soumission à ta maîtresse, ordonna Marthe.

— Je jure... commença Mme Salabert.

— Ne dis rien, coupa Marthe, tu n’as rien à dire ; tu es mon esclave, je commande et tu obéis. Prosterne-toi et embrasse-moi le pied.

L'imposante Mme Salabert s’écroula sur le tapis ; elle fut éblouie par le miroitement des hautes bottines vernies qui moulaient la jambe svelte ; elle fut attirée par la cambrure du pied que rendait si impérieuse la hauteur des talons étroits ; ses lèvres s’y posèrent. Le front, les joues, les oreilles, la nuque même s’empourprèrent par l’effet de la honte que lui causait l’hommage servile.

Marthe, les yeux mi-clos, savoura voluptueusement ce geste de soumission ; mieux que n’importe quelle parole, il proclamait l’acceptation de la servitude et la jeune femme y goûta tant de plaisir qu’il lui sembla sentir, à travers le fin chevreau, le contact des lèvres fardées de la vaincue.

— C’est bien, esclave, dit Mme Vauglois ; maintenant le pied que tu as baisé va prendre possession de toi.

Elle posa ce pied sur la tête de Mme Salabert, dont le visage était enfoui dans la haute laine du tapis ; la semelle appuyait sur les cheveux ondulés ; le talon verni, élancé et mince, pesait de façon pénible sur la nuque. Ce geste symbolique fut une réelle prise de possession qui imposa à Léa la notion de son esclavage en même temps qu’il permettait à Marthe de sentir qu’elle s’élevait au rang de maîtresse ; autant il était pénible et humiliant pour l’une, autant il parut à l’autre agréable et flatteur ; un orgueil souffrit, un orgueil s’exalta.

Puis Marthe se leva et vint poser un pied sur les épaules de Léa, toujours allongée la face contre le tapis :

— Demeure ainsi, ordonna-t-elle, et ne bouge pas sans ma permission.

Elle appuya rudement son talon au creux des reins, comme si elle avait voulu clouer sa rivale au sol ; puis elle s’en fut un instant visiter la chambre à coucher et le débarras du vestibule. Quand elle revint, elle avait rangé son revolver et rapportait une cordelière de soie et un martinet.

Mme Salabert n’avait pas remué. Marthe l’enjamba, se baissa, lui prit les deux poignets qu’elle ramena sur les reins pour les croiser et les attacher avec la cordelière, une fine et robuste torsade de soie qu’elle avait trouvée à la ceinture d’un peignoir.

Dès qu’elle comprit ce qui se passait, Mme Salabert eut un mouvement de rage ; sa révolte ne se traduisit que par un frémissement que perçut Marthe à qui il servit d’encouragement.

— L’affront lui est sensible : tant mieux ! songea celle-ci. J’ai raison de lui imposer ce ligotage qui, dès le début, précise le changement survenu dans son existence.

Et elle continua, serrant fort pour dompter sa captive et se faire plaisir à elle-même, car c’était pour Marthe une joie intense que d’attacher ainsi les mains de cette rivale qu’elle avait piétinée.

Le lien brillant, dont la couleur vive tranchait sur la peau, entoura plusieurs fois les poignets et un nœud solide le fixa. Marthe avait écarté les coudes pour mettre les poignets en croix ; il en résultait pour Léa une position forcée, qui était douloureuse et lui immobilisait complètement les bras.

Cela fait, Marthe lui retroussa robe et dessous, mettant à nu la croupe épanouie ; elle empoigna le martinet et se plaça commodément, un pied entre les épaules de la captive. Alors prenant son élan, elle cingla rudement la croupe blanche et lisse.



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